Mi-janvier inscription positive au Grand Raid des Pyrénées sur le Tour
des Cirques;
120 kilomètres et 7000m D+, c'est une chose qui m'a occupé l'esprit pendant
huit mois.
Donc ça commence en janvier, l'inscription ok, l'appart à Vielle-Aure à 800m
de l'arrivée ok, le cartilage du genou gauche pas ok!!!
Un mois de non activité sportive plus visite chez le Doc spécialiste en
médecine physique et de réadaptation. Bilan après l'IRM cartilage usé,
traitement par trois injections d'acide hyaluronique début mars, pour avoir un
résultat total fin mai soit trois mois après !!! C’est long quand on a un
plan d’entraînement à suivre.
Mi-juin un gros coup de fatigue résultat deux grosses semaines sans
entraînement !!! Je me pose quelques questions sur mon aptitude à terminer
une telle distance et un tel dénivelé après mon abandon au kilomètre 30 de
l’Anéto trail de Haute Bigorre. Je fais deux grosses sorties montagne en
compagnie de Georges histoire de voir le niveau.
Jeudi 21 nous voici à Vielle-Aure pour récupérer le dossard et s’installer à
l’appart. En ce début d’aprèm il y a déjà de l’animation, Stéphanie et Margaux
m’accompagnent à la vérification du matériel obligatoire. Tout est OK dossard
2016 en poche plus quelques cadeaux de bienvenu. Je discute avec quelques
connaissances inscrites aussi bien sur le 120 que sur le 160km, et aussi avec
un participant que je croise habituellement lors de mes footings sur les berges
du Gers à Auch.
Fin d’aprèm je porte le sac qui ira sur la base vie d’Esquièze-Sère et
assiste au briefing. Le sujet qui me préoccupe le plus est la météo, et les
prévisions ne sont pas terribles pluies et orage avec une nuit fraiche…
Jeudi soir l’assiette habituelle de pâtes fini je termine de préparer les
affaires et le sac que j’aurais sur le dos un bon moment, plus un sac que
Stéphanie fait suivre sur les ravitos ou elle me rejoindra.
4h30 debout, si tôt parce que je ne suis pas loin du passage du 160km. 5h00 un feu d’artifice du côté du départ, la pluie
commence à tomber et les coureurs sont lancés. Difficile de reconnaitre
quelqu’un entre les capuches et les frontales qui m’aveuglent, mais quelqu’un
vient vers moi c’est Phil « allé Phil bonne course ».
Maintenant c’est mon tour et je suis prêt, un bisou à Stéphanie et à Margaux
puis je me dirige vers le parking de Carrefour à 15min à pieds pour prendre le
bus qui nous conduit à la Station de Piau point de départ du Tour des Cirques.
Arrivé à Piau avec un chauffeur qui avait pour mission de nous transporter
le plus vite possible au départ, vite mais souple !!! 7° en haut ils nous
ont ouvert une salle de l’office du tourisme pour attendre, comme j’étais dans
le premier bus et bien 1h30 d’attente.
Le temps de discuter et de sympathiser avec un autre coureur il faut aller
biper le dossard puis rejoindre la ligne de départ.
Les premiers mots d’encouragement avec Gérard,
Cyril et Philippe qui participe lui au 80km. Un morceau de Coldplay , un
décompte et c’est partie…pour combien d’heures ???
Piau - Gèdre
Finalement nous sommes au-dessus des nuages et il fait bon, même le teeshirt
première peau est de trop, pour l’instant. Une boucle dans la station sur des
sentiers large pour étirer le peloton et ça marche, on part à 1850m d’altitude
pour monter à 2500m, il y a un peu de monde pour nous encourager ça démarre
fort…
Direction la première difficulté Port de Campbiel altitude 2600m que l’on
négociera avec le tonnerre en montagne c’est pas mal, la pluie et le vent
ralenti l’allure. Bien sûr le teeshirt première peau manche longue indispensable
et la veste que je garderai toute la journée et toute la nuit.
On bascule et nous allons vers le premier ravitaillement Gédre alt 1000m, ça
veut dire 1600m de dénivelé négatif. Malgré des soucis de chaussures mal
serrées (que je suis c*%) je me fais plaisir en descente, c’est le début et je
suis frais.
Arrivé à Gédre 1h30 avant la barrière horaire je retrouve pour la
première fois mon assistance de choc. Composée d’une infirmière en chef :
Stéphanie, d’une infirmière pas en chef mais presque : Nadia et d’un
pilote : Squale pour arriver au plus vite sur les ravitos. Donc bilan au
premier ravito : deux orteils qui ont chargés pendant la descente, elasto,
changement de chaussettes et serrage des chaussures à la clé dynamométrique. Un
petit peu de solide, le plein des gourdes et je suis comme neuf. Par contre
pour le moment nous n’avons pas eu le plaisirs des paysages.
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l' Assistance de choc! |
Gèdre – Gavarnie
Je repars de Gèdre alt 1000m gonflé à bloc direction la Hourquette d’Alans
alt 2400m, 13 kilomètres et 1400m positif un bon gros morceau nous attend. Succession
de sentiers et de sous-bois, quelques cabanes pour arriver au lac des
Gloriettes. Nous passons sur le barrage mais pas de photos, l’appareil est dans
le sac au sec. Puis la montée vers la Hourquette assez longue et difficile, un
coup de moins bien je me cale sur une allure jusqu’en haut. A ce moment-là de
la course on croise et recroise toujours les mêmes concurrents, je bascule vers
Gavarnie avec Julien et un autre gars dont je ne me rappelle pas le prénom.
L’autre gars à un souci de genoux donc nous filons vers Gavarnie tel le rapace
qui pourchasse ça proie…
Arrivé à Gavarnie nous faisons un aller-retour au
cirque pour un point de contrôle mais pas de bol le brouillard nous privera de
la vue sur le cirque et la cascade. Demi-tour et je retrouve l’assistance au
ravitaillement il est 21h, 2h12 d’avance sur la barrière horaire (barrière
horaire : limite mise en place par l’organisation après laquelle vous êtes
mis hors course). Je me change, lingettes et enfile ma tenue pour la
nuit : cuissard long, teeshirt première peau, couche intermédiaire
polaire, veste, bonnet, gants et frontale. Bien sûr changement de chaussettes,
je fais le plein de salé pour changer des barres et gels qui me nourrissent
entre chaque ravitos.
Gavarnie – Esquièze
Encore un tronçon de 25
bornes mais cette fois de nuit !!! Julien passe me voir, je ne suis pas
prêt donc il part devant. Au moment de démarrer je vois ‘le gars et son genou’
qui a réussi à rejoindre Gavarnie, il s’est fait strapper et nous partons
ensemble pour la nuit accompagnés d’un autre coureur. Un peu de goudron et
c’est partie pour une nuit de glisse, dans les premiers 500m nous chutons chacun
notre tour ! Puis nouvel arrêt finalement la nuit n’est pas si froide que
ça, je mets la polaire dans le sac et avance veste ouverte. Direction parking
de Bué pour un ravitaillement en eau, 600m positif et négatif pas de grosses
difficultés mais c’est hyper glissant, par endroit il y a des racines et il
faut rajouter la nuit et la fatigue. Même une partie du GR10 qui semble être
laissé à l’abandon !!! Je remonte sur Julien qui a des problèmes pour
s’alimenter et s’hydrater, je lui dit de s’accrocher et l’encourage pour la
suite. Enfin au parking de Bué, pas mal de coureurs vont stopper là leur route
dont ‘le gars et son genou’, dommage. Quelques mots d’encouragements je fais le
niveau d’eau et me voilà reparti seul dans la nuit, il est 2h15 samedi matin. A
ce moment-là j’ai une pensée pour Mika qui ne va pas tarder à se lever pour se
présenter au départ du 80 kilomètres. Maintenant
la partie la plus dure de ma course Bué-Arrode-Sia, la fatigue le dénivelé, la
solitude et une lassitude qui s’est installée. Une montée raide en sous-bois
puis le sentier devient rocheux, montagnard, deux personnes pour sécuriser un
passage, on discute 5 minutes ça me fait du bien. Un premier ravin puis un
second, il est rocheux mais facilement négociable pour peu que l’on regarde ou
l’on met les pieds. Son approche est un peu escarpée le tout sécurisé avec des
câbles. Six kilomètres de chemins et de sentiers puis le goudron pour traverser
Saint-Sauveur, direction Esquièze Sère pour un arrêt bien mérité à la base vie.
Je pointe vers 6h00, 1h30 avant la barrière horaire et retrouve mon assistance qui
a passé la nuit dans un fourgon.
Lingettes changement de
fringues et passage chez le podologue qui m’a sortie une épine du pied, en fait il m’a sauvé la vie en me
ponctionnant sous le gros orteil gauche quelques millilitres de sang, après ça
la douleur due à la compression sous l’ongle s’est dissipée. Un podologue très sympa à qui je dis un grand merci puisque
sans ça ma course s’arrêtait là. Je mange et refais le plein des gourdes, mon
assistance est au poil cela m’aide beaucoup.
Esquièze – Tournaboup
7h40 direction
Tournaboup, ça change il n’y a que 13 kilomètres mais 900m positif et 200m
négatif environ. A partir de ce moment je me dis que tout est possible et
pourquoi pas boucler ces 120 kilomètres. Quelques moments d’euphorie mais
restons concentré ce n’est pas le moment de se casser la figure moi qui n’est
fait qu’une seule et unique chute dans la nuit !!! Ça monte encore et
encore, à partir d’Esquièze nous sommes sur le même parcours que le 160km puis
à Tournaboup le 80km nous rejoint pour finir sur le même tracé. Je fais la
route avec de nouvelles têtes, on taille le bout de gras quand la montée n’est
pas trop sèche. Un chemin qui devient sente puis large piste forestière pour
finir sur une grosse partie goudronnée avant d’arriver à Tournaboup, cette
partie goudronnée me cassera le moral mais j’aperçois au loin Squale qui m’accompagne
sur quelques hectomètres. Ravito de Tournaboup on ne change pas une équipe qui
gagne ; Fanie, Nadia et Squale m’aident pour le plein du sac uniquement.
Je suis parti d’Esquièze en cuissard et teeshirt cour, plus de changement
jusqu’à l’arrivée. Dans la tente du ravito je discute avec une connaissance,
Michel qui est sur le 160km. Il à la pêche, me motive un peu plus et me
conseille de ne pas arriver avec la nuit à Vielle-Aure. Je me souviens de la
fin de course l’an passé en pleine nuit galère, sortie de Tournaboup vers 11h je dis à
Fanie rendez-vous à 19 heure à l’arrivée.
Tournaboup – Merlan
Nous nous dirigeons vers
la Hourquette Nère en passant par la cabane d’Aygues Cluses, 9 kilomètres pour
1000m positif c’est-à-dire qu’il faut monter… Chemin de plus en plus technique,
le sentier devient chaotique avec les cailloux. Sur le départ je me fais
doubler, enfin je laisse passer les deux premiers du 80km du team New Balance
puis Guillaume Beauxis du team Espoir Salomon, j’ai bien regardé ou il mettait
les pieds mais bon moi ça ne marche pas pareil !!! Puis Julien Jorro du
team Lafuma que je suis sur internet, je l’encourage « allé Julien, allé… »
il se retourne surpris…Pour l’anecdote il passe la ligne 5ième avec
sa fille de quelques jours dans les bras. Maintenant on bascule pour une
descente interminable sur des cailloux encore ! Puis un sentier serpente
entre les sapins jusqu’au lac de l’Oule. Interminable parce qu’à certains moments
je m’arrête sans le vouloir et me dis mais avance ‘P*$%**’ avance. Au niveau de
la cabane de Lude je me mets un coup de pied au cul pour arriver le plus vite
possible à Merlan car j’en ai vraiment assez et me dis qu’à Merlan je suis
presque finisher. Au ravito du resto Merlan je retrouve Michel mon oncle V3 en
touriste pour finir la course avec moi. Un petit massage des cuisses et mollets à
l’huile d’arnica, le plein des gourdes mais je n'ai pas faim donc direction le prochain
point de contrôle Vielle-Aure et la ligne d’arrivée.
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merci Michel pour le profil... |
Merlan – Vielle-Aure
Une dernière montée vers
le Col de Portet je me fais passer par Jean-Phi
participant du 80km qui a les mots pour m’encourager. Puis 12 petits
kilomètres et 1400m de dénivelé négatif qui finiront de me flinguer les
quadriceps, les mollets et les pieds…A Espiaube il y a Nico qui me rejoint pour
rallier l’arrivée, mon assistance technique, la famille et des amis sont là
aussi pour m’encourager. Ma fille Margaux, mes nièces Andréa et Charlotte ainsi
que Donia sont là en ligne avec des cloches pour faire du bruit et me stimuler, je me concentre
les larmes commencent à monter. Pas de difficultés sur la fin de parcours sauf
que j’ai mal aux jambes et je suis fatigué.
Vignec, du goudron, un
rond-point il y avait longtemps que je n’en avais pas vu. Plus qu’un kilomètre
Michel et Nico mon bien boostés pour terminer ce long Tour des Cirques 2014.
Dans les rues de Vielle-Aure les petites m’accompagnent sur les derniers 200m,
il y a du monde sur la ligne d’arrivée qui nous encouragent, félicitent et
applaudissent ça prend aux tripes…
Il est 20h03 putain ça y
est je passe la ligne d’arrivée en 35h03’58’’ le teeshirt finisher et la
médaille, je n’y crois pas 120 kilomètres et 7000m de dénivelé positif je l’ai
fait.
La famille et les amis
sont là, j’arrive à faire bonne figure quelques minutes puis je me mets à
l’écart et pleure en passant à mon père pour qui j’ai fait ça, une pensée ira
aussi à mon grand-père. Un peu d’eau sur la figure ma fille vient me voir et je
reprends le sourire fatigué mais heureux de voir tout le monde fier de ce que
je viens de faire. Les pieds en vrac dans mes claquettes je croise Phil,
Patrice et Mika qui vient de terminer son 80km, Gérard…
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Michel et Nico |
J’ai essayé de vous
raconter mon GRP mais ce petit compte rendu ne peux pas faire ressortir toutes les
émotions par lesquelles je suis passé.
N'oubliez pas la suite de ce GRP c'est la collecte pour la Ligue contre le Cancer. Merci à tous ceux qui participent à mener à bien cette aventure => alvarum.com/stephanecaumont
Un grand merci à
l’organisation
Un très grand merci aux
bénévoles, aux podologues et aux personnes croisées sur le parcours
Un très grand merci aux
messages d’encouragement avant, pendant et après la course
Un immense merci à mon
assistance Stéphanie, Nadia et Squale (Squale merci aussi pour la bière)
Un immense merci à
Margaux, Andréa, Charlotte, Jeanine, Antoinette, Michel, Donia, Marie, Nico…
Voilà mon Grand Raid des
Pyrénées 2014.
Adishatz...